Ce CR est une forme d'hommage, de revanche sur la guigne, une forme de plaidoyer pour une incomprise qui aura eu beaucoup de mal à s'adapter à son vertige face à la liberté que représente le TT...
Non, je ne parle pas de toi, Co34... pas encore en tout cas.
Je parle de "La Jaune". Cette moto qui avait été récupérée par Gégé il y a quelques années, maltraitée, dans un état lamentable, mais tenace, voulant remonter la pente.
Fafa l'a finalement peu utilisée et l'avait un peu délaissée sous la pluie.
Toujours aussi dure au mal, elle finissait par être prêtée à CoolFred pour la première Jacouillaise où elle avait subit les pires outrages, ne comprenant certainement pas la signification d'une ligne droite là où un tel espace s'ouvrait à elle...
Tel un cheval sauvage dans une arène de rodéo, elle me jetait par terre au pied d'un olivier, dans les cailloux.
Je la relevais et nous repartions, elle chaussée de mixtes usagés, moi l'amour propre écorché...
Voulant réparer ça et dompter l'animal, je me lançais plus tard à son guidon, dans l'ascension d'une pente certes raide, mais pas infranchissable du tout... mais elle décidait une fois encore de quitter la trajectoire pour passer par le bas-côté, pour finalement se rouler dans l'herbe avec moi...
Ainsi naquit le désormais célèbre "lancé de Jaune". Pour moi qui avait plutôt l'habitude de m'en jeter quelques-uns à l'apéro, c'était très nouveau, mais tout aussi enivrant... et en-navrant...
Depuis, Speeder l'a recueilli et a décidé de lui montrer la voie en commençant par lui refaire une garde-robe Lucky Explorer digne de ce pur-sang.
Pour ne pas que la belle oublie sa vocation première et pour que sa fougue reparte du plus explosif de son expression pour passer dans l'entonnoir de l'elefant voyageur, Carl décide, hésitant, de laisser Joe, Cornac improvisé, ancien pilote de KLX sur les pistes Guyanaises, l'amener une dernière fois dans son jogging jaune sur les terres, sables et cailloux Héraultais...
Humble Joe, elle ne se doutait pas qu'elle serait cette fois, malgré le niveau technique bien plus élevé de cette Jacouillaise #3, l'une des seules à rester sur ses deux roues du début à la fin de l'évènement...
Tout commence juste après une remise en état, réglage moteur et changement de courroie. Elle n'y croit plus vraiment.
Mais To@ne lui installe un garde-boue haut pour lui éviter la honte du déshabillage public de la dernière fois. Ce Wonderbra lui va à ravir et le redonne un certain côté sexy, malgré le survêt' jaune...
Pour la faire plus jeune, il lui change sa coiffure, lui mettant une bulle courte, plus sportive, et pour lui donner un petit air coquin, lui greffe une paire de lunettes qui protègera ses optiques... le ton est donné, même si elle garde pour affronter la boue des dernières alertes rouges, ses escarpins Tourance EXP et Full Bore M40... comme pour lui rappeler qu'elle est là pour amuser la galerie... Pôvre Jaune...
Les copines arrivant la veille du départ pour chargement dans le camion et sur la remorque, le ton est donné, les rires sont déjà là... mais on ne la regarde pas du même oeil que la dernière fois...
On la charge sur la remorque au froid, mais à côté de la "Txanka" bleue de Wiwi. Sympa la meule, montée sur ses échasses de 900ie...
On vibre, ça sent la terre...
Le soir du chargement, c'est au tour des bécanes de rire... sauf celle de Nico en fait... on lui met une "oeuvre" sur le dos et Nico fait quelques gestes étranges...
Les camions sont prêt. En fait, ça fait très sérieux : on croirait une équipe officielle sponsorisée par Opel...
Après quelques centaines de kilomètres, faut bien s'arrêter pour que les pilotes s'achètent quelques merdouilles à manger...
La Jaune, elle, a décidé de sortir de sa réserve. Elle porte haut et fort ses revendications face à ceux qui pourraient rire d'elle...
Ce WE sera le sien, elle le sent. C'est SON moment.
Pendant ce temps, les pilotes, toujours en mode spiritualité exacerbée, blaguent bêtement avec deux pauvres livreurs "DPD" (à qui on l'a fait tous les jours plusieurs fois) très sympa. On regarde le logo, ils regardent nos motos... et la jaune...
Enfin, vers 1 heure du matin, le convoi arrive dans un lieu reculé de l'Hérault, rejoignant ainsi le reste du troupal, gonflé à bloc. Les pilotes, eux, sont plutôt pleins comme des réservoirs de rallye-raid un jour de spéciale marathon...
LE PREMIER JOUR.
Joris, le guide spirituel (y en a besoin, là...), attend déjà tout le monde. Les neurones et les moteurs s'ébrouent lentement, sortant d'une sorte d'engourdissement né pour les uns de la nuit courte alcoolisée, pour les autres de la nuit juste froide et humide...
Première piste. Tom est parti tout droit, ne voyant pas que devant ça avait tourné. Du coup, au bout de 500m, on coupe pour attendre que Manu, le Saint Bernard du groupe, ne nous le ramène... tout sourire, ayant chevauché les donc 500 premiers mètre de TT avec son Bifaro juste acquis pour l'occasion...
Ensuite, Co décide que c'est un peu trop pentu et tente un freinage avec les dents...
ça marche moyen.
Derrière on attend. La jaune jubile presque, hésitant à se sentir coupable et se dire que ce sera peut être bientôt son tour...
Co tentera de nouveau d'affiner sa technique, mais finalement lâche l'affaire et freinera avec des leviers raccourcis plutôt que les dents. On arrive dans une clairière. On transpire.
Le groupe a fait 2 km...
Le troupal arrive ensuite dans un défilé formé par un single longeant une sorte de petit torrent. Le premier traverse le lit du second régulièrement. Le second, comme ça le gonfle, met des gros cailloux dans le passage et du sable. Plein de sable.
C'est un peu chaud, du coup, pour un début.
Co s'en reprendra une ou deux. Gege cognera son réservoir et Manu une peaume et une rotule...
La jaune bombe le carénage. Elle dérape, rattrape, s'accroche au terrain avec toute la hargne de son M40, mais reste debout. Joe ne bronche pas. Il adore le moteur Desmodue.
Mad-Max sort le Monof' de Manu après sa gamelle... juste pour rendre service, évidemment...
Gégé est venue avec une cougar habillée en jaretière, mais ce couple force le respect. Ils tractent, se faufilent, évitent habillement, délestent et atterrissent en faisant corps. Un beau spectacle...
Inspiration pour la Jaune...
Le terrain où elle a posé les roues lui parait soudainement tellement proche, normal, naturel... son pilote ressent la même chose...
Pourtant, juste derrière, Zé le Portuguais et son KLE veillent. Eux non plus ne tombent pas. Top-case et casque intégral, ils sont prêt à faire passer le côté baroudeur affirmé de la Jaune pour un artifice digne d'un 1200 GS Adventure en plein Paris... à la moindre chute, tout peut basculer...
Dans sa chute, Gege repère qu'une pierre a cassé le petit filtre à essence en plastique à la sortie de son robinet droit... Réparation...
Joe et la Jaune passent. Le KLE ouvre l'optique, toisant l'adversaire...
Voilà un petit aperçu du terrain, mis en exergue par Philou sur son 750. Du sable sur la descente dans le lit de torrent, un gros pierrier avec passage à gué dedans et une petite butte de sable en sortie. Fun, mais physique, et à multiplier par... quelques passages !!!
La Jaune s'arrache, saute, bataille, glisse et passe... Joe impérial.
Manu... j'allais écrire "en souplesse", mais vu le terrain, la souplesse était réservée au moment de sortir de sous la moto après une chute...
Je sais, mes photos sont floues, mais les passages étaient forcément rapides et les smartphones, ben... c'est pas des appareils photos... Tom en action.
Gege sort du pétrin, après une autre petite chute...
Gégé, quel style...
Max passe, le plus en douceur possible... Pas facile de faire moins bourrin avec le Forza Brutale !!!
En terme de rodéo, il se pose là aussi...
Joris passe la moto de Co qui a passé l'éponge sur les gros passages techniques ou costauds...
Encore un passage technique maîtrisé parfaitement par Gégé. Wiwi vient de prendre un raccourci, un gué et une boite en sortant dans le sable... quelques bonnes crises de rires en passant !
Joris va chercher sa moto après avoir passé celle de Co. C'est amusant comme ces passages paraissent plus simple en photo...
Mission accomplie...
Les stygmates du sable sur la "Txanka" de Wiwi :
La pause repas est cocasse : on s'arrête dans un joli petit parc. On coupe les moteurs et... c'est la foire aux beauf' : deux couples et leurs enfants s'amusent et ont mis la sono (et quelle sono) à fond dans le break... on en profitera pendant une heure.
Un couple à côté qui se reposait déclare forfait et se casse. On reste, on a un bon repas à faire...
Il y aura des bananes... en compote...
des oeufs durs... façon omelette à la coquille...
Les blousons sèchent leur transpiration, Pascal regarde ses BING qui ne lâchent pas les 2-3000... pas pratique pour le frein moteur, bel effort...
La moto de Manu a quelques séquelles...
Mais ce n'est pas la seule... Celle de Wiwi, et on ne voit pas le cligno arrière...
Celle de Co, pare-main, cligno, levier et quelques rayures...
Celle de Gege avec un joli poc dans le réservoir et la peinture neuve abimée...
Heureusement que Philou se dévoue pour aider à guérir tout ce petit monde... des fois qu'il y ait un passage à gay
S'ensuivra tout un moment à s'exercer au demi-tour. A la fin, on était super bons.
Là, la Jaune a pris la tête d'un petit groupe, elle inspire un début de respect... Joe, toujours aussi humble regarde juste derrière.
On est encore le premier jour, quelques amours propres ont été heurtés, mais le bonheur submerge tout ça, on passe un moment vibrant...
Pascal est toujours dans ces maudits BING qui auront décidément besoin d'une bonne réfection...
Gege et Pascalito repartent par la route, les deux premiers fatigués, en pneus mixtes jettent l'éponge avant un passage un peu technique, préférant rester en forme pour les jours à venir. Pascal préfère aller se concentrer sur la mise au point de son Bif que de ne pas profiter de la sortie avec un truc mal réglé et dangereux.
Pour la seconde fois de l'après-midi, Manu voit son étrier arrière se bloquer, certainement à cause d'un maître-cylindre mal adapté, manquant de garde... On vide du liquide avec les outils qu'on a, et on repart, Manu sans frein arrière...
Enfin, on retrouve des singles... cette fois, ce n'est plus un lit de rivière et des cailloux, mais du sable fin et des rochers fixes... on se régale... Mimi se retrouve déséquilibrée en entrée d'ornière et l'avant du troupal l'aide à relever son bestiau... nous, on attend derrière...
Wiwi et Nico, tout sourire... La jaune ??? elle est devant pardi !!!
Et puis arrive un truc moins drôle : sur une belle piste, arrive un virage en sable assez profond... Co arrive à une vitesse relativement basse, mais lancée quand même, la roue avant engage et la moto tombe lourdement. Je vois Co tomber comme une masse sur l'épaule et la tête...
Elle est sonnée. Zé et moi relevons la moto, Co se remet, elle continue de sourire. C'est presqu'inquiétant
Reste un passage près d'un terrain en forme de gros jouet, avec des bosses bien rondes pour s'amuser à monter, descendre et... sauter...
(excusez les traces de téléphone portable, il fait ses besoins n'importe où...)
(merci pour les photos de sauts, Nico
).
Le retour. On remarque alors qu'il fait soleil et qu'on a du bol de ce côté. AAAh, le positivisme, y a que ça de bon.
La première bière étant pour la déshydratation, on en videra une centaine dans la soirée...
Comme les feuilles à l'automne, les motos commencent à prendre des couleurs sympas...
Après un bon repas bien arrosé, où se mèleront récits de la journée et autres grands moments en tranches de vies, on rigolera beaucoup l'ambiance est à la fin de journée façon semaine de ski, comme me dira Manu...
Bon, ben là, on vient de terminer la première journée.
La Jaune se repose dans le jardin, parmi ses copines, presque tout le monde est monté dormir dans cet espèce de piège à ronflement qu'est devenu l'étage, et moi, je squatte le canapé. Ok, je dormirais de 3h30 à 7h30 seulement toutes les nuits, mais sans ronflements, je dormirais...
Pendant ce temps, un sinistre bouchon avance dans les canalisations des WC et personne ne se doute encore qu'à partir du lendemain, ça deviendra la vaste blague du WE...